J'aime ces photographies
grisâtres,
ces papillons
entiers qui battent
des ailes dans mon ventre, qui sont parfois
voilés,
par endroits écornés,
éraflés. Qu´est-ce qu´ils font florès
! Et sous
les glaçures
lisses,
au delà de la génération
spontanée des écluses et des
voiles latines,
les yeux des témoins
ravis de ces
merveilles nées
derrière
les rideaux.
Et sous le papier, les lanternes qui
burent tant de ces breuvages visqueux et
tant de ces
ombres nouées, de moires
noires.
On nous retrouve dans mille
miroirs,
nous qui sommes restés
vivants de mille manières
- je me mets
à lire
dans les visages
des sorcières qui augurent
sans hésiter
la chute des nuées stellaires
qui se noient
en blanches soieries.
Et nous ne cessons
pas de jouer avec ces silhouettes d'étain
illuminées
de tant de
présences,
mues par la lune
qui se reflète dans tes yeux.
Ne trompe
pas les aînées de
la ruche, couvertes
de poudre, en
fin de course obscurcies,
absorbées
par les solitudes
vermeilles
et n´oublie
jamais ce dôme qui
festoie, et claire manne raye les cendres.
La suite
des histoires
est écrite aux parois de l'âtre
de Cendrars. Salamandres
captives par
couches sous mes ongles qui luisent de sang.
Je souffre les
affres du pollen, du safran, de la splendeur du soufre
qui vacille dans l´air.
Imagine...
Toutes ces chairs,
tous ces flocons
de caresses, qui
nous rendent
fous, ivres morts
de tendresse,
et que tu as
plantés en moi désormais, et
qui croissent et qui
poussent et que de
chevelures en méandres tu ne peux plus
effacer.
Le cerbère est mort ! Enfui
le chien, enfuie la garde ! Des
autruches tournent
sans
plan, lentement
et sans se hâter. Fais face au silence
ébloui des
vieux gardiens enfin
sauvés de
la langueur. Vois
donc ces tourbillons de chaleur où
des orgues
oscillantes frémissent
dans le lustre écarlate
du ciel. Loin au dessus de nos
plaines surgissent des plates-formes
alanguies et des terrains
lisses et blancs
et je retrouve les hélices
volées par les massacreurs.
Oh! Ces branchies
comme une offrande
à perte de
vue, rouges et merveilleusement
brillantes sous la brèche. Un palimpseste
sinistre
tourne et virevolte, mais
ne sort pas de mon
esprit.
Nous sommes des enfants
qui ont tout
vu. Toutes ces maîtresses sans
soucis et toutes
ces civilisations
qui perlaient au bord de leurs paupières
oblongues, ces
chattes sombres
et enivrées,
insondablement lentes
qui s'étiraient, qui
se tendaient vers l'avenir. Tous rires éteints,
les illusions nombreuses
dans leur berceau d'osier limpide sombrent.
Et ces savants mausolées
racontent des
histoires aux
rescapés. Des
légendes construites
avec de
ces peaux d'oiseaux
ballantes multicolores et
de vieux contes en
noir et blanc aux
fières
plumes. Et ces filles
nues à la fleur de l´âge,
et ces frissons
qui parcourent
les rues et ces
vies imaginées
qui traversent l'étranglement des sabliers.
Et toutes
ces rêvasseries
au bord des tableaux,
ces taches
aux murs qui font disparaître la
ternissure
de la gloire ruinée
et de l'horreur
et par où
fuient ces lignées
délicates d'amours et de lèvres,
de pulpes vives, de loisirs, de
pépites et de gestes parfaitement
étendus
dans nos esprits.
Tu dessines
mes seins, en
sélectionnant les nervures de ces
saintes coupoles
de verre qui rougeoient, dont j´admire
la rotondité. Sans feux ni lieux nos
rêves, chevaux de sable,
licornes où mon plaisir s'agrège.
Tu dessines
mes reins,
la seine dans
la Seine lente.
Je suis aux prises avec
des os, avec des mimes, avec des signes, avec
mes remords
instinctifs.
Oh! J'émerge.
Viens ! Que tes
doigts me délacent.
Et tu ris
et tu trembles et
me débarrasses
des dernières brumes de
mes cauchemars. Quelle
éternité
! J'ai envie de
t'offrir mes
hanches. Chaloupes ridant le miroir, perles
d'or rouge enfilées goutte à goutte,
harmonies d'émotions
très blanches, hannetons
vibrants, hauturiers. Ciels d'exil. Sois
une chute d´eau
! Cire je suis, et ton empreinte.
Ne dis plus jamais
rien. Le sol
craque et fond sous tes pas. Laisse
se dévider
tes désirs. Vise
les feux follets sur le lac. Ne
sois plus coi.
Ne sois plus nuit.
Elle est dangereuse
toute cette fierté
rincée.
Comme elles sont douces aux doigts tes cendres.
N´étouffe
pas le désir
velouteux, prends
ma peau enfin
réchauffée.
Oh! Toutes ces perles rouges entre tes cuisses.
Débonde
ton coeur. L'archet où s'enfouit ton
sourire. Et prends
garde à mon puits
où s'engloutissent en riant de
belles et savantes réminiscences
et de frissons...
Ah! Que reviennent
toutes ces ardeurs, ces
algues, ces éblouissements,
ces ferveurs,
ces fards, ces ivresses, ces
hardes, qui bruissent
de tous leurs éclats sous-marins sur
ma peau. Oui.
Encore, à nouveau ces nourritures
fluides, souffles
liquides
qui choient en
cascades miraculeuses,
hasardées
et obligatoires.
Et ces volcans
incarnats, tendres,
qui se déversent en torrents jusque
dans les sièges
des villes, jusqu'au coeur lilas
des aristocrates bien aimées
et par ces obscures poternes dont
nous avons trouvé enfin la clef.
Je ne suis
pas cette prêtresse
pointilleuse qui veut tuer
ces chants qui
nous font fondre. Je ne sais rien du marbre
et je veux ton sourire
à jamais.